Astrid de Rengervé — 14 décembre 2020
Interview d'Alexandre Morgan
Professeur de mathématiques au lycée Edouard Branly à Dreux, Alexandre Morgan a lancé le projet Maths en tête. Sa chaîne YouTube et son site internet lui permettent de renouveler ses pratiques pédagogiques et d’aborder les maths autrement !
Je remercie chaleureusement Alexandre de m’avoir accordé cette interview.
Qu’est ce qui vous a amené à lancer le projet Maths en tête et quels en sont les objectifs ?
Je suis parti de plusieurs constats : les programmes sont lourds, les classes sont hétérogènes en termes de niveau mais aussi de choix d’orientation et souvent les élèves attendent inconsciemment que l’enseignant travaille pour eux en classe. Ils ne font pas toujours le travail demandé à la maison parce qu’ils ne savent pas comment s’y prendre.
À l’origine ma chaîne YouTube était donc destinée à mes élèves, c’était une manière d’être présent pour eux en dehors de la classe. Depuis, elle s’est étendue et touche d’autres élèves qui peuvent s’en servir pour consolider leurs acquis, revoir des notions et bénéficier d’un soutien scolaire gratuit. Mes vidéos d’histoire des maths et mes vlogs de vulgarisation m’ont également permis d’atteindre un public plus large, composé de personnes curieuses.
Cette chaîne me permet finalement de mêler mon métier et le côté créatif du montage que j’apprécie beaucoup, mais aussi de renouveler constamment mes pratiques pédagogiques tout en continuant d’apprendre.
Quant au site mathsentete.fr, c’est une plateforme organisée de mon travail. Les élèves comme mes collègues peuvent y retrouver toutes les ressources que j’utilise.
Comment utilisez-vous votre chaîne YouTube et votre site dans le cadre de vos cours ?
Je travaille en classes numériques avec des parcours fléchés d’exercices et des exercices à la carte dont une partie est corrigée dans mes vidéos. De plus, les élèves ont accès à leur téléphone en classe donc ils peuvent consulter mes “formats cours”, qui sont des points de cours condensés en vidéo. Cela me permet d’être à plusieurs endroits en même temps donc d’être plus présent pour mes élèves et de différencier mon enseignement, tout en les habituant à travailler en autonomie.
En dehors de la classe, je leur propose des devoirs qui sont corrigés en vidéo. Je fonctionne aussi en classe inversée : je demande parfois à mes élèves de visionner les “formats courts” puis on approfondit la leçon en classe.
Enfin, ma chaîne m’a beaucoup aidé pendant les périodes de confinement ou de semi-confinement puisque j’ai pu exploiter ce support en visioconférence et j’en ai profité pour développer mon projet.
J’ai des retours d’élèves qui sont ravis de cette manière de procéder, même si je n’impose pas le format numérique comme un moyen ultime d’accéder à l’enseignement. Ce n’est pas le cœur de mon métier mais un support supplémentaire qui parle beaucoup aux jeunes.
Comment choisissez-vous les sujets de vos vidéos ?
J’ai d’abord pour objectif de parcourir tout le programme du lycée et je propose des tutoriels pour faire découvrir la calculatrice aux élèves de seconde.
Ensuite, ma série de vidéos historiques “Maths C qui ?” part d’une demande institutionnelle : intégrer l’histoire des maths dans l’enseignement des mathématiques. J’ai choisi ce format pour éveiller la curiosité et montrer que le cheminement intellectuel qui a mené aux outils qu’on a aujourd’hui a été très chaotique. L’idée est de faire des formats relativement courts, modestes, mais des entrées ouvertes à tous. Je ne me contente pas de dispenser un savoir mais je fais des recherches et j’apprends beaucoup de choses ! Faire ce type de vidéos prend du temps mais ça me plaît beaucoup.
Quant aux vlogs, c’est une manière de faire vivre les mathématiques, de montrer qu’elles sont présentes dans notre quotidien et de les aborder de manière ludique. Les sujets se présentent, certains sont inspirés de ce que je vois avec les élèves, de sujets de société en lien avec les maths ou de l’actualité. Je les aborde dans des formats qui ont pour vocation d’éveiller la curiosité, de faire découvrir ou redécouvrir quelque chose sous un autre angle. Dans mon prochain vlog je m’intéresserai peut-être à la constitution des codes barres.
L’année dernière vous aviez démontré dans un vlog que “les enfants sages n’existent pas” alors cette année, qu’allez-vous nous démontrer pour Noël ?
C’est une vidéo qui m’avait demandé beaucoup de travail de recherche et de montage, j’y avais passé beaucoup de temps. Cette année, je ne sais pas encore ce que je vais faire, c’est la surprise ! J’ai décidé de ne pas être dépendant d’un calendrier car cette chaîne me demande beaucoup de travail en plus de mon métier d’enseignant, même si je prends plaisir à faire toutes ces vidéos.
Avez-vous des projets dont vous aimeriez nous parler ?
Je compte continuer de me renouveler au travers des vidéos d’histoire des maths et des vlogs. Je fais également partie du café des sciences qui est une association de vulgarisateurs scientifiques et je prévois des collaborations avec certains membres, notamment avec un autre youtubeur orienté vers les mathématiques.
Pour finir, quel est votre meilleur souvenir en tant que professeur ?
C’est mon quotidien, j’adore échanger avec les élèves, leur transmettre des connaissances. Les encouragements et les retours à propos de ma chaîne me font également très plaisir. Je repense au gâteau que les élèves m’avaient apporté un matin par surprise le jour où j’ai fêté mes 2000 abonnés ! Je pense que les élèves sentent que je m’investis pour eux et ça les touche.
Astrid de Rengervé — Cheffe de projet marketing
Astrid est en Master à l’Emlyon et elle a rejoint l’équipe NumWorks en juillet 2020 pour un stage de 6 mois. C’est elle qui se cache derrière les publications sur Facebook, Instagram et Twitter ! Astrid est également la plus jeune de l’équipe NumWorks, et oui elle n’était même pas née pour la Coupe du Monde de 1998 ! Mais ne vous arrêtez pas à son âge, c’est une jeune femme avec de fortes convictions, notamment en matière d’environnement.