Cécile Dieumegard

Cécile Dieumegard — 2 avril 2023

Interview de Claire

Fondée il y a plus de 90 ans, l’École à l’Hôpital est une association d’enseignants bénévoles qui dispensent des cours individuels et gratuits aux jeunes malades de 5 à 25 ans.

Claire fait partie de ces enseignants bénévoles après avoir enseigné les mathématiques en classes préparatoires pendant de nombreuses années. Aujourd’hui, Claire s’investit dans l’association et dispense des cours de mathématiques à des élèves hospitalisés plusieurs fois par semaine.

Ecole à l'Hôpital

Un grand merci à Claire de m’avoir partagé son expérience en tant que bénévole et ses méthodes pédagogiques.

Depuis combien de temps êtes-vous bénévole à l’École à l’Hôpital ?

Je suis une bénévole de longue date. Cela fait au moins 18 ans que je donne des cours de mathématiques dans le cadre de l’École à l’Hôpital.

Enseignez-vous toujours dans un établissement scolaire ?

Je suis retraitée depuis 20 ans. Je n’enseigne plus dans un établissement scolaire. Cette disponibilité me permet de m’investir auprès de ma famille mais également de m’investir bénévolement.

Pourquoi avoir choisi l’École à l’Hôpital ?

J’ai toujours fait et eu envie de faire du bénévolat. Cela a commencé quand j’étais étudiante. Je donnais des cours à des élèves en difficultés psychologiques à l’hôpital Cochin. Un peu plus légèrement, je donnais également des cours à des amis qui avaient des difficultés en mathématiques. C’est finalement dans la continuité de ces expériences que j’ai choisi de m’engager dans l’association l’École à l’Hôpital. Cela s’est imposé presque comme une évidence ! Et en plus jeune retraitée à ce moment-là, cela m’a permis de garder un lien avec les jeunes !

Au départ, j’avais demandé à l’association s’il était possible d’avoir des élèves de Première ou bien de Terminale car ces niveaux étaient les plus proches des niveaux dans lesquels j’enseignais. Puis, au fur et à mesure des années, j’ai eu des élèves un peu plus jeunes, de niveaux Troisième et Seconde.

Quelles différences y a-t-il entre donner un cours en classe et donner un cours dans le cadre de l’École à l’Hôpital ?

Ce sont deux choses qui sont très différentes. Lorsque j’étais encore enseignante au lycée et en classes préparatoires, j’avais des classes de 50 élèves. Une classe de terminale a plusieurs heures de mathématiques par semaine alors que dans le cadre de l’École à l’Hôpital, je vois mes élèves uniquement pour 1h de cours particuliers par semaine. Il faut donc réussir à faire tenir tout le programme de l’année scolaire en une heure de cours par semaine. Le challenge est grand mais pas insurmontable. Par exemple, tous les élèves de Terminale que j’ai accompagnés et à qui j’ai donné des cours à l’hôpital ont obtenu leur baccalauréat avec une bonne note en mathématiques.

L’autre différence principale est qu’il est plus simple de s’adapter aux besoins de l’élève dans les cours que je donne avec l’École à l’Hôpital. Comme il s’agit de cours particuliers, je peux facilement voir ce qu’il maîtrise, ce qu’il ne maîtrise pas, je peux passer plus rapidement sur les notions plus simples et prendre plus de temps sur les notions plus compliquées. Il y a également moins de latences ou de temps morts pendant les cours.

Mettez-vous en place des approches pédagogiques différentes que celles mises en place dans un cours en classe ?

Lorsque j’ai commencé à donner des cours à l’hôpital, j’ai voulu continuer de faire ce que j’avais l’habitude de faire avec mes classes c’est-à-dire écrire des cours. Cependant, je me suis rapidement rendue compte que la méthode n’était pas du tout adaptée à un cours particulier. En classe, j’avais l’habitude de faire des cours au tableau et de laisser les élèves prendre des notes. Avec uniquement une heure de cours par semaine à l’École à l’Hôpital, je n’ai évidemment pas le temps de mettre en place ce même schéma.

Pour préparer mes cours, je me suis rapidement appuyée sur des sites internet qui proposent des ressources mathématiques gratuites. J’ai commencé par utiliser le site internet Xmaths. Ce site m’a beaucoup inspirée d’un point de vue pédagogique mais également dans mon choix d’exercices que je propose aux élèves. Avec uniquement 1h de cours par semaine, il est important de bien choisir les exercices à proposer aux élèves car je n’ai pas le temps de leur faire faire un grand nombre d’exercices comme cela peut être parfois le cas en classe. Lorsque le site Xmath a arrêté de proposer du contenu, je me suis tournée vers le site internet et les contenus mathématiques proposés par Yves Monka. De nombreux supports sont disponibles, des polycopiés, des vidéos YouTube. J’apprécie tout particulièrement ses supports car ils sont synthétiques et vont à l’essentiel. L’élève n’est pas noyé sous trop d’informations.

Lorsque je donne un cours à l’École à l’Hôpital, je m’appuie sur ses polycopiés et je propose à l’élève d’y ajouter des commentaires et j’en ajoute également. De temps en temps, on s’arrête et on fait un exercice pour voir si ce qu’on a lu dans le polycopié est compris. C’est un suivi vraiment personnalisé qui n’a rien avoir avec le suivi qu’il pourrait y avoir avec les classes de 50 élèves. Cette méthode me permet en une heure par semaine en un an de couvrir l’intégralité du programme. Je fais très attention à bien suivre le programme à ne surtout pas déborder.

Que vous a appris votre expérience de bénévole à l’École à l’Hôpital ?

Cela m’apprend à m’adapter encore plus. Le métier de professeur, c’est s’adapter donc je le faisais déjà auparavant en classe mais là je le fais vraiment dans un autre contexte. A chaque fin de cours, je dois faire un commentaire académique sur ce qu’on a travaillé durant la session mais également sur son déroulé. Ce compte rendu m’oblige à bien analyser l’élève et ses réactions. Je me fie à mon intuition. Je me rends rapidement compte de ce qu’il faut dire ou ne pas dire à un élève.

Je voulais également préciser que je travaille avec une équipe formidable que ce soit l’équipe de l’hôpital Tarnier dans lequel j’interviens que l’équipe de professeurs bénévoles. Je me plais beaucoup dans cette équipe, l’ambiance y est très chouette. En plus, j’aime donner des cours de mathématiques et j’apprécie donner de mon temps à des élèves qui ont besoin d’être soutenus.

Parfois, comme tous les professeurs, je peux être un peu désemparée face à un élève parce qu’il ne répond pas vraiment comme je le voudrais. J’ai deux élèves actuellement, un avec qui cela se passe vraiment bien et qui progresse vite et un autre qui a davantage de difficultés. Il n’y a donc pas que des satisfactions dans ce rôle de bénévole, il y a également des questionnements. Je me demande toujours comment faire mieux, comment accrocher un élève en mathématiques alors que ce n’est pas vraiment ce qu’il aime. C’est un vrai challenge !

Quels conseils donneriez-vous à des professeurs qui souhaiteraient se lancer dans l’aventure l’École à l’Hôpital ?

Je leur dirai qu’il ne faut surtout pas hésiter à se lancer. Je pense que si on aime enseigner alors il faut foncer. Je connais davantage le fait d’enseigner à des élèves qui ont des pathologies psychologiques car j’enseigne à Tarnier. Dans cette unité, on suit des élèves souvent pendant plusieurs mois voire l’année entière. Ce n’est pas toujours le cas pour les cours donnés dans les centres anti-cancéreux car les élèves sont à l’hôpital en fonction des traitements. On peut les avoir en cours pendant 2/3 semaines uniquement donc le suivi n’est pas le même !

Ce que j’apprécie énormément à Tarnier c’est de pouvoir suivre les élèves. Cela s’est imposé dans mon quotidien comme une évidence !

Cécile Dieumegard
Cécile Dieumegard — Responsable de la relation professeurs

Cécile a rejoint notre équipe en novembre 2020 pour animer la communauté NumWorks ! Depuis la rentrée de septembre 2022, Cécile s'occupe plus particulièrement de la relation professeurs. Grâce à son travail chez NumWorks, Cécile a développé une nouvelle passion : l'art des courbes mathématiques ! Ses créations sont disponibles sur notre site et sur nos réseaux :)


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